Une plainte déposée en France concernant l’utilisation du logiciel espion à Madagascar


Un nouveau front judiciaire va-t-il s’ouvrir pour la société Nexa, devenue le visage français de l’industrie de la surveillance ? Une plainte pénale a en effet été déposée auprès du parquet de Nanterre, le 31 janvier, par Rolland Hubert Rasoamaharo, journaliste franco-malgache. Consultée par Le Monde, elle mentionne directement l’entreprise française, anciennement connue sous le nom d’Amesys. C’est aussi la première plainte française à viser directement un logiciel espion au cœur de multiples scandales : Predator.

En octobre dernier, une enquête menée par Mediapart et le consortium European investigative collaborations (EIC) révélait en effet que Nexa avait fourni aux autorités malgaches du matériel de surveillance hors de tout cadre légal, dont l’accès à Predator. Ce puissant logiciel espion est développé et commercialisé par le groupe Intellexa, dont faisait précédemment partie Nexa. Celle-ci conteste toute transaction, affirmant au Monde n’avoir « jamais livré aux autorités malgaches de solution de cybersurveillance de type Predator, ni conclu avec celles-ci un contrat de vente à cet effet ».

Une « démonstration » de Predator

Pourtant, selon l’enquête de Mediapart, une équipe de Nexa s’est rendue à Madagascar en 2020 pour faire la promotion et une démonstration de Predator, ainsi que d’autres outils d’espionnage. A cette occasion, un rapport de surveillance aurait été réalisé, ciblant spécifiquement M. Rasoamaharo, connu sous le nom de plume « Lola » et responsable du quotidien La Gazette de la Grande île. Ce rapport contenait, selon Mediapart, « un historique de géolocalisation et des données relatives à ses téléphones ».

A l’époque, aucune vente de Predator n’avait été finalisée et aucune licence d’exportation n’avait encore été accordée. La plainte, déposée par les avocats William Bourdon et Vincent Brengarth, estime que le journaliste « a, selon toute vraisemblance, fait l’objet d’une collecte et d’un traitement d’informations en dehors de tout cadre légal, incluant des données relatives à ses téléphones et donc privées, par le groupe Nexa ».

Là encore, la société dément. Elle explique que ses équipes ont effectivement approché Madagascar, mais pour faire la présentation d’un outil de recherche en sources ouvertes, qui ne collecte que les informations librement accessibles en ligne. « Lors de la démonstration », ajoute-t-elle, des recherches ont été effectuées « sur différents noms fournis par le prospect [client potentiel], avec des empreintes numériques faibles ou fortes, parmi lesquelles figurait le nom de M. Rasoamaharo. »

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Catégorie article Politique

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